Axe 4 : Digitaliser l'ESS et les PME-TPE

Axe 4 : Digitaliser l'ESS et les PME-TPE

8. Promouvoir des politiques qui favorisent la création d’emplois décents, l’entrepreneuriat, la créativité, l’innovation et stimulent la croissance des petites et moyennes entreprises.

9. Accroître nettement l’accès aux technologies de l’information et des communications et faire en sorte que tous les habitants aient accès à Internet à un coût abordable.

Objectif 8 Objectif 9

1. Contexte

Jamais une nouvelle manière d’entreprendre n’a été aussi nécessaire : les solutions aux défis globaux des transitions écologiques, énergétiques et sociales ne viendront pas des approches classiques par le marché ; les mutations technologiques et les questionnements éthiques ne trouveront pas de réponse sans la prise en compte de l’intérêt général et des individus. Deux conceptions de l’économie se dessinent : l’une, laissant libre cours au capitalisme financier, et le soin aux gagnants de “réparer” en reversant de la main gauche, par l’intermédiaire de fondations, un peu de ce qui est gagné de la main droite. L’autre, qui considère qu’une entreprise peut, par son coeur de métier, concilier efficacité économique et réponse à des problèmes écologiques et/ou sociaux. La première reconnaît l'Économie sociale et solidaire (ESS) - plus largement l’économie à impact positif - comme un secteur de l’économie minoritaire et alternatif. L’autre y voit l’avenir de l’économie et se réjouit de l'explosion du nombre des BCorp, des entreprises à mission ou définissant leur raison d’être, de la généralisation de la RSE… Cette conception de la création de valeur, d’abord tournée vers celles et ceux qui la créent en respectant les générations futures, et vers l’intérêt général, va de pair avec des engagements forts, mesurables et opposables.

C’est pourquoi, chez Simplon, entreprise sociale agréée solidaire (ESUS)[1] et Fondation reconnue d’utilité publique, nous avons pris des engagements statutaires forts en matière de lucrativité limitée (les actionnaires ne perçoivent de dividendes qu’à la cession de leurs parts)​, de gouvernance participative (Comité stratégique, Comité exécutif élargi à l’équipe, Conseil des parties prenantes) et d’écarts de salaires[2]. C’est aussi pourquoi 15% de nos salariés sont des apprenant•e•s issus de nos formations Simplon.co à tout type de poste : chargé•e de projet, référent•e digital, développeur junior, etc. Enfin, nous favorisons des fournisseurs solidaires ou locaux. Cette démarche volontariste autant que statutaire est en train de trouver sa formalisation au travers d’un processus de double labellisation - LUCIE + ISO 26000 et BCorp - que Simplon va finaliser avant la fin de l’année 2019.

En revanche, comme en miroir, Simplon a constaté qu’une majorité des entreprises de l’ESS accusait un retard numérique important, alors même que le numérique est un levier majeur pour leur changement d’échelle. Et si toutes les entreprises n’ont pas encore adopté les principes d’une nouvelle manière d’entreprendre, elles sont toutes fondamentales pour créer de l’emploi dans les territoires fragiles. Parmi elles, les TPE/PME représentent 99% des entreprises françaises - dont 96% sont des micro-entreprises - et 49% de l’emploi salarié[3]. La France est cependant la 16ème nation européenne pour la digitalisation de ses TPE/PME[4]. À l’heure où les enjeux de l’empreinte écologique du numérique émergent, la question du “comment” ces entreprises vont se digitaliser est cruciale (pour plus de détails voir l’Axe 3 "Numérique responsable"). Le numérique va de soi pour la majorité des entreprises dans les grandes villes, mais les TPE/PME des territoires éloignés n’ont pas encore suffisamment cerné les bénéfices de cette transition du point de vue commercial, organisationnel ou marketing. Souvent elles n’ont pas non plus conscience des compétences à acquérir, des possibilités offertes pour améliorer leur organisation ou de leurs besoins de recrutement. Les nombreuses études menées sur le sujet mettent en évidence trois principales difficultés aujourd'hui rencontrées par les entreprises : faible sensibilisation aux enjeux numériques ; manque de conseil - accompagnement ; difficulté à trouver les bons outils, les leviers de financements et les ressources humaines pour conduire la transformation numérique. L’acquisition et le renforcement de compétences numériques de leurs collaborateurs est donc un facteur majeur pour garantir la pérennité de leur entreprise.

Pour qui agissons-nous ?

Contexte
  • Les acteurs de l’ESS (associations, fondations, mutuelles, coopératives, entreprises sociales) et les TPE/PME : nous agissons pour les entreprises qui ne sont pas convaincues des pouvoirs du numérique pour leur impact positif, leur performance et leurs valeurs sociales et environnementales. L’objectif complémentaire est d’inciter à une utilisation du numérique adaptée à leurs besoins et à leur budget. Mettre en place des solutions sur-mesure est une condition de leur appropriation du numérique.
  • Les salariés des entreprises de l'ESS et des TPE/PME : la digitalisation d'une entreprise peut laisser à l’écart les salariés qui n'utilisent pas d'outils numériques dans leur quotidien (par exemple, les chauffeurs d'une flotte de véhicules). Notre plaidoyer vise donc à une gestion prévisionnelle des compétences numériques des salariés afin de les accompagner et de les former aux nouvelles technologies.

2. Nos messages

Nos Messages

À travers nos activités de plaidoyer “Digitalisation”, nous portons trois messages principaux :

Fédérer les acteurs à impact qui apportent des solutions efficaces et soutenables aux problèmes sociaux et environnementaux de l’économie de demain est une priorité

Les acteurs économiques à impact positif sont divers. L’Économie sociale et solidaire regroupe associations, mutuelles, coopératives, mais aussi des entreprises commerciales à vocation sociale. Les entreprises engagées, contributives, à raison d’être ou à mission, les BCorp, les acteurs de la Tech For Good, tous à leur échelle favorisent une autre économie, plus respectueuse du vivant et de la planète : il faut donc l’encourager et la fédérer au-delà des questions de statuts, de labels et des “chapelles”. Simplon se développe en France et à l’international, mais il existe des milliers d’entreprises de ce type dans le monde. Simplon défend donc au-delà de son propre cas ou de l’ESS une conception élargie de l’économie au sein de diverses organisations (FEST, le Mouves, Ashoka, la France s’Engage, EPIC, etc. voir l’Introduction pour plus de détails). Simplon a ainsi initié, avec le Mouves, le mouvement “Nous sommes demain” pour mettre en lumière l’existence d’une génération d’entrepreneurs qui apportent déjà les solutions aux crises économiques, sociales et écologiques contemporaines[5] et aboutir à la 1ère Université d’été des acteurs de l’économie de demain en septembre 2019. Fédérer les acteurs d’où qu’ils parlent et d’où qu’ils soient est un objectif clé du plaidoyer de Simplon[6] : former des coalitions, favoriser des “justice leagues” plutôt que des champions, agir en synergie et en coordination, développer le mécénat collectif, les joint-ventures sociales, les fusions et les rapprochements, unifier les acteurs : c’est la priorité des priorités pour peser, augmenter l’impact et agir dans le cadre de l’objectif n°17 des ODD (partenariats).

Le numérique est un levier majeur pour les acteurs à impact positif

Un des leviers majeurs de développement de l’ESS, qui permettra à nombre de ces associations, coopératives, entreprises à impact, de changer d’échelle et déployer leur impact positif sur la société sera leur capacité à se digitaliser. Nous avons toutefois constaté que par manque de temps, méconnaissance technique et surtout manque de moyens financiers, les structures de l’ESS accusent un retard numérique considérable. Les deux axes d’action identifiés par Simplon : les compétences (sensibilisation des dirigeants, socle de compétences numériques de base des collaborateurs, montée en compétences de salariés, etc.) et les outils (internes et externes) et leurs moyens de déploiement (conduite du changement, impact sur les processus et les méthodes de travail, etc.). Par ailleurs, Simplon considère que la Tech for good est un axe stratégique pour la digitalisation de l’ESS : plus les collaborations avec la Tech for good seront nombreuses, plus rapide sera la digitalisation de l’ESS. Grâce aux nouveaux services et usages qu’elle crée, l’innovation technologique offre des outils puissants pour résoudre des enjeux sociétaux, sur des secteurs variés comme la santé, l’accès à l’énergie, la fracture numérique, l’aide aux seniors, la formation,… Ces technologies sont de plus en plus accessibles pour les entrepreneurs : leur prix diminue, leur facilité de mise en place s’accroît, les formations nécessaires à leur compréhension se multiplient et se démocratisent. Un projet européen intitulé DSI4EU (Digital Social Innovation for EU) a ainsi constaté que le nombre de projets Tech à impact social (Tech for good) a doublé en 2 ans pour atteindre 2 000 projets en 2017. En France, le phénomène est encore naissant et les initiatives citoyennes, associatives et entrepreneuriales qui s’emparent de la Tech for good se multiplient sans structuration spécifique. Pour offrir à la société - notamment aux entreprises de l’ESS qui n’utilisent pas le numérique et pourraient bénéficier de collaborations avec ces entreprises - le plein potentiel de ce nouveau mouvement commun, il était nécessaire de fédérer, identifier et outiller cet écosystème. C’est dans cette optique qu’il faut apprécier la création de coalitions telles que FEST et le Social Good Accelerator, les actions de sensibilisation à l’impact qui se déploient au sein de France Digitale et du Galion et le lancement de plusieurs programmes d’accompagnement à la transformation numérique des acteurs à impact : ShareIT, Webassoc, programme d’accompagnement numérique des lauréats de la France s’Engage, Tech for Good Tour de MakeSense et Latitudes, OHME de OneHeart, etc.

Le programme DigitESS[7] de Simplon en partenariat avec AG2R La Mondiale, est né d’un postulat simple : le numérique a un effet démultiplicateur sur l’ensemble des filières des entreprises de l’ESS, il faut donc encourager et subventionner les diagnostics de maturité et les capacités d’outillage des acteurs dans ce domaine. Les associations à l’échelle ou en cours de passage à l’échelle sont ainsi financées pour faire le point sur leur stratégie digitale et mettre en oeuvre des actions de formations de leurs collaborateurs et la réalisation de sites web, d’applications mobiles et de logiciels facilitant leur travail et augmentant de fait leur impact social. De la même façon, la Fondation la France s’Engage a doter ses lauréats d’un programme d’accompagnement numérique opéré par Simplon.

Digitaliser de façon responsable les TPE/PME et leurs salariés est un enjeu socio-économique (emploi) et environnemental majeur

Digitaliser les TPE/PME en France est à la fois un enjeu économique, social (individus), et environnemental (numérique responsable) pour les années à venir. Alors que le numérique va de soi pour la majorité des entreprises dans les grandes villes, les TPE/PME des territoires éloignés n’ont pas encore suffisamment cerné les bénéfices de cette transition du point de vue commercial, organisationnel ou marketing : 87% des dirigeants de PME/ETI françaises n’affichent pas la transformation digitale comme une priorité stratégique pour leur entreprise[7], 36% ont formalisé une stratégie adaptée[8] et 16% des TPE/PME font de la vente en ligne (62% des français achètent sur internet). Ancré au coeur des territoires dans les régions de France métropolitaine et ultramarine, Simplon a constaté que certaines entreprises n’ont pas les compétences ou le réseau qui leur permettraient de disposer d’un site internet, d’utiliser des suites bureautique et des services de documents et d’agenda partagés, encore moins des outils d’entreprise comme ceux de gestion des ressources (ERP), de relation client (CRM), de projet, de publipostage, d’un site de e-commerce ou d’une plateforme de communication collaborative. Le degré de numérisation est d'autant plus faible que les entreprises sont de taille réduite. La question n’est pas anecdotique : celles dont la transformation numérique est la plus avancée ont eu une croissance six fois plus importante[9]. De plus, cela signifie qu’il est encore temps d’intervenir en amont de leur digitalisation afin que leurs choix soient en accord avec la vision d’un numérique responsable (pour plus de détails se référer à l'Axe 3). Les nombreuses études menées mettent en avant trois principales difficultés rencontrées par ces entreprises : faible sensibilisation aux enjeux numériques ; manque de conseil - accompagnement ; difficulté a trouver les bons outils, les leviers de financements et les ressources humaines pour conduire la transformation numérique. L’acquisition et le renforcement de compétences numériques de leurs collaborateurs est donc un facteur clé pour garantir la pérennité de leur transition numérique. Pour ne pas stagner au stade de la prise de conscience mais favoriser un plan d’action et de gestion prévisionnelle des compétences (GPEC), il y a nécessité d’assister les TPE/PME dans l’appréhension des impacts de cette transition et l’expression de leurs besoins sur-mesure. Cette démarche est utile pour les individus et pour l’économie : en 2018, une étude de France Stratégie pour le gouvernement a évalué à 1,6 milliards les bénéfices potentiels d’une meilleure autonomie numérique des individus[11].

3. Les changements visés

Les changements visés

À travers nos activités de plaidoyer “Digitalisation” et les messages que nous portons, nous visons trois changements principaux :

Que chaque entreprise à impact positif et chaque TPE/PME ait accès aux compétences et outils numériques

Un diagnostic de maturité digitale pour chaque entreprise de l’ESS ou TPE/PME et les services et outils pour répondre aux besoins en continu.

Que chaque salarié•e soit doté•e d’un socle de compétences numériques de base et des moyens de se former en continu

La formation de chaque entreprise à diagnostiquer les besoins numériques de ses salarié•e•s et à les faire monter en compétence régulièrement.

Que les financements publics et privés liés au numérique et à l’innovation favorisent la digitalisation des acteurs à impact et des TPE-PME

Doter les acteurs portant massivement des emplois dans les territoires de financements spécifiques pour accompagner leur transition digitale.

Contacts

Retour au début de la page