Axe 2 : Développer les territoires vulnérables

Axe 2 : Développer les territoires vulnérables

4. D’ici à 2030, augmenter nettement le nombre de jeunes et d’adultes disposant des compétences, notamment techniques et professionnelles, nécessaires à l’emploi, à l’obtention d’un travail décent et à l’entrepreneuriat.

9. Accroître nettement l’accès aux technologies de l’information et des communications et faire en sorte que tous les habitants aient accès à Internet à un coût abordable.

10. D’ici à 2030, autonomiser toutes les personnes et favoriser leur intégration sociale, économique et politique, indépendamment de leur âge, de leur sexe, de leur handicap, de leur appartenance ethnique, de leurs origines géographiques ou sociales, de leur religion ou de leur statut économique.

Objectif 4 Objectif 9 Objectif 10

1. Contexte

La fracture numérique est liée à des inégalités sociales mais aussi territoriales. Ces inégalités se creusent pour les populations, les entreprises et leurs salariés.
Fractures territoriales et numériques s’alimentent, notamment parce que le déploiement des technologies se fait plus facilement et en priorité dans les villes grâce à la présence de grandes entreprises, de talents, de formations, et des technologies avancées telles que la connexion internet haut débit. Cela engendre des zones dites blanches, où les connexions à l’Internet sont très faibles. La non éco-conception de services numériques (pour plus de détails, voir l’Axe 3 Concevoir un numérique responsable”), qui a davantage d’impact dans les zones où la connexion est faible, accentue encore la fracture numérique et l’empreinte écologique. Le terme fracture numérique réfère principalement à trois niveaux d’accès : l’accès au réseau (l’infrastructure nécessaire pour pouvoir installer l’internet haut débit) ; l’accès aux outils (le matériel informatique nécessaire pour profiter des infrastructures) ; le savoir-faire (les compétences pour utiliser les outils de façon personnelle ou professionnelle). Simplon milite pour un déploiement des infrastructures le plus large et rapide possible mais cela ne relève pas de son périmètre d’action. Nous concentrons donc nos activités sur les enjeux de compétences numériques en privilégiant les territoires les plus vulnérables et les plus éloignés du numérique. Avec une conviction : pensé à l’échelle du territoire, le numérique désenclave, crée du lien, apporte de nouveaux services, améliore ceux qui existent, mais surtout stimule l’activité et l’emploi pour les territoires.

Pour qui agissons-nous ?

Contexte

Fort de ses “Fabriques” (écoles) disséminées sur tout le territoire métropolitain et en Outre-mer, et à l’international, Simplon bénéficie de solides réseaux locaux dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) où les publics dits invisibles expriment de forts besoins en accompagnement social et en formation. Nous sommes également très présents dans les zones rurales et les villages où la fracture numérique, les questions de mobilité et la désertification constituent des facteurs d’exclusion. Enfin, Simplon est implanté depuis 2015 dans les territoires ultra-marins (La Réunion, Guadeloupe et Martinique, Polynésie, Guyane, Nouvelle Calédonie) notamment en partenariat avec le Service Militaire Adapté (SMA). Grâce à un maillage territorial fondé sur des partenariats avec les acteurs de l’insertion, Simplon bénéficie d’une expertise de terrain. Séminaires d’acculturations pour les entreprises, initiation au code des plus jeunes en scolaire et périscolaire, hackathons, job dating, ateliers de design thinking et de développement d’applications mobiles renforcent l’influence de Simplon dans les écosystèmes locaux. Nous agissons donc pour déployer ce travail en réseau (État, collectivités, acteurs privés et associatifs), qui favorise la transformation numérique des territoires où sont implantées nos fabriques (Ile-de-France, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine, PACA et Département et Régions d’Outre-mer) et les autres. Depuis 2015, Simplon opère à l’international, directement ou via des partenaires locaux dont nous renforçons les capacités, dans des zones vulnérables et auprès de publics fragiles. Que cela soit dans un township à Johannesburg, dans un camp de réfugié en Jordanie, dans les quartiers populaires de Dakar, de Bruxelles, d’Abidjan ou de Barcelone, ou encore au Liban, en Inde et au Maroc, Simplon met à disposition son savoir-faire et son expérience au service du développement économique des pays et de leurs habitants en intégrant les spécificités locales.

2. Nos messages

Nos Messages

À travers nos activités de plaidoyer “Territoires vulnérables”, nous portons trois messages principaux :

La politique numérique doit être pensée à échelle territoriale

Le principal frein au développement du numérique dans les territoires fragiles est l’absence de GPEC (Gestion Prévisionnelle de l’Emploi et des Compétences) territoriale en matière de numérique. La GPEC numérique territoriale est une démarche coordonnée d'entreprises et d'acteurs locaux (Conseils régionaux, départementaux, OPCA, acteurs de l’emploi-formation) au sein d'un territoire (bassin d'emploi, département, région, inter-région, zone d'activités,...) dans l'objectif de construire des parcours professionnels et d’accompagner les besoins d'évolution en gestion d'emplois et de compétences des entreprises. Le numérique est trop souvent perçu comme une question sectorielle par les acteurs ci-dessus. Or le numérique n’est pas un enjeu sectoriel, mais transversal et intersectoriel. Aujourd’hui tout le monde “est dans le numérique” et donc pas seulement les entreprises du numérique. L’État et les collectivités, les ETI et les PME, les TPE et les associations, tout le monde est en transformation numérique et la transition numérique engendre :

  • la nécessité de disposer de compétences numériques fondamentales pour accéder à ses droits et vivre dans une société numérique (littératie numérique) ;
  • l’apparition de nouveaux métiers (développeur web, par exemple) ;
  • la transformation de métiers existants dans chaque secteur (par exemple, la généralisation du BIM - Building Information Modeling - dans les métiers de la construction).

Cependant, nombre de territoires fragiles n’ont pas conscience des opportunités et des enjeux du numérique pour l’emploi, en particulier des jeunes, et le développement de leurs TPE/PME. De la même façon, les publics jeunes issus de QPV ou de territoires ruraux ont généralement des appétences et des aptitudes pour ces nouveaux métiers du numérique. Néanmoins, en rupture de parcours et loin d’imaginer que des parcours de formation de courte durée pourraient les rapprocher de ces métiers, ils ne sont pas conscients de l’opportunité d’emploi que représente pour eux ce secteur. Simplon insiste donc sur la nécessité, pour les acteurs des territoires, dont les acteurs publics et associatifs, de coordonner la réponse à ces deux enjeux, notamment l’orientation des financements. Cette coordination implique, lors de la formation des publics, de penser leur insertion dans le monde de l’entreprise. C’est pourquoi Simplon invite chaque formation numérique à destination de publics éloignés de l’emploi à transmettre également des soft skills, soit des compétences sociales permettant de maîtriser les codes professionnels en entreprise. Cette coordination impose avant tout un diagnostic numérique territorial sur-mesure, et donc de faire appel à une expertise qui maîtrise les enjeux du terrain et pas uniquement les enjeux macro-économiques.

Bâtir un écosystème de détection des besoins numériques permet à chaque territoire de faire du numérique un levier de développement

Sensibiliser le plus grand nombre aux enjeux, à la nécessité et aux opportunités des compétences numériques, initier aux compétences de base, orienter les plus motivés par les métiers numériques en tension, former et insérer les talents, tels sont les objectifs de Simplon. Ce peut être également un objectif pour les territoires, à condition d’avoir posé le bon constat. Simplon agit donc pour la formation des territoires à identifier leurs besoins numériques et adapter leur dispositif en fonction des publics. Un ensemble de démarches favorise le rôle du numérique comme levier d’activité, d’emplois et d’inclusion au sein des territoires. Des unités pédagogiques mobiles au service des territoires géographiques prioritaires sont une solution intéressante pour promouvoir les usages digitaux, apprendre les bases du code, s’initier aux outils de création multimédias, participer à des mini-hackathons, découvrir les formations et les métiers numériques. Simplon a expérimenté plusieurs dispositifs de mobilité qui ont permis de sensibiliser au numérique plus de 60 000 personnes :

  • Au travers du programme CAPPRIO[1] Simplon a mené un Tour du code en 22 étapes grâce au camion de “C’est pas sorcier” et des “Petits Débrouillards”[2] ;
  • Le Maif Numérique Tour sensibilise depuis juin 2017 aux opportunités et aux risques de l’outil numérique. Il a concerné 86 communes ;
  • Le Coding Bus transmet les bases de la programmation dans les réseaux d’éducation prioritaires, avec le soutien de la Fondation RATP et de la Fondation TF1.

Les démarches “Hors les murs” répondent aussi à une volonté d’aller vers les publics éloignés de l’emploi (par exemple les non-titulaires du baccalauréat) pour détecter les potentiels talents. De plus, Simplon insiste sur la nécessité de former les acteurs publics - Pôle Emploi et Missions Locales en France - et associatifs - EPIDE, Écoles de la 2ème Chance, associations d’éducation populaire, sportives, culturelles - à diagnostiquer les retards numériques des 16-24 ans et à les informer de l’existence d’opportunités de formation et d’emploi dans les métiers numériques. Cela est indispensable pour évaluer les besoins d’un territoire, orienter les publics, et s’adapter à leurs situations. Un jeune NEET (Neither in Education, Employment or Training, voir Axe 1 ) n’a pas nécessairement les mêmes besoins pédagogiques qu’une femme en reconversion ou qu’un réfugié statutaire.

À la Réunion, l'initiative Switch Numérik mise en place par Simplon se positionne un cran au-delà : il s’agit d’apprendre les compétences de base pour une utilisation autonome personnelle ou professionnelle du numérique.
Avec l’association ADRIE, le bailleur social SIDR, la Mutualité de La Réunion, la mairie de Saint-Denis et le Ministère des Outre-mer, l’initiative accompagne des enfants et des seniors, y compris grâce à des ateliers intergénérationnels (utilisation du clavier, de la souris, mise en place d’un blog, etc.) Switch Numérik est aussi un lieu hybride où sont accueillis les apprenants.

On assiste par ailleurs en France au développement[3] de tiers-lieux dont l’activité est fondée sur le partage d’espaces et d’outils de travail mais aussi la mise en commun de savoirs et de compétences. Dans certains tiers-lieux, le numérique fait partie des savoirs qui y sont partagés. Cela va dans le sens de l’intuition initiale de Simplon que la pédagogie classique n’est parfois plus adaptée à des publics jeunes qui, pour diverses raisons, ne sont plus réceptifs à l’enseignement. Souvent, ils n’adhèrent pas aux formations verticales, longues et en salle. C’est pourquoi nous plaidons pour une multiplication de ces tiers-lieux incluant l’éducation au numérique. Simplon est par exemple partenaire du Campus Région du numérique à Lyon, lieu de vie et d’innovation qui accueille des publics très différents. Une offre de formations labellisées “hors-les-murs” permet de mailler l’ensemble du territoire régional. Nous encourageons également des initiatives de l’Économie sociale et solidaire telles que Comptoir de Campagne[4], qui propose aux habitants des territoires, dans un même lieu, des commerces de proximité, des services de colis et courriers ou divers services à la personne. Cela permet de recréer du lien social et de redonner de l’attractivité aux territoires ruraux. Nous appelons à les étendre à l’éducation au numérique.

Le numérique est un levier au service du développement économique et de l’emploi des territoires vulnérables

Le numérique est un moyen de positionner un territoire sur un secteur stratégique. La diffusion de ces démarches contribue à lever les représentations négatives des acteurs économiques concernant les QPV, mais aussi à réduire les mécanismes d’autocensure et à développer des trajectoires professionnelles pour les jeunes des quartiers. De même, en territoires ruraux, le numérique rassemble dans des tiers-lieux des communautés d’entrepreneurs, d’ingénieurs, de développeurs, de télétravailleurs, et crée des terreaux propices à l’émergence de projets : territoires labellisés French Tech, stratégies numériques de communautés de communes ou de départements qui associent une réflexion sur les infrastructures, les usages, le contenu et les services, incubateurs d’entreprises agricoles [5], etc. Il offre des opportunités socio-économiques qui répondent aux problématiques de désertification des territoires (télémédecine, économie collaborative,…). Les stratégies numériques territoriales ont d’ailleurs prouvé leur impact sur le développement rural (départements Lozère, Manche, Cantal, Région Limousin, communauté de communes Val d’Amboise, commune de Fleury-les-Aubrais,…)[6]. Les territoires ultramarins sont une priorité à Simplon depuis sa création. Nos fabriques sont désormais déployées sur la quasi totalité des DROMs et agissent de façon spécifique - car chaque territoire est différent - au service de leurs habitants et du tissu économique et social local.

En collaboration avec l'association HAND (Hackers against natural disasters), les futurs artisans numériques formés par Simplon ont participé en 2018 à la Réunion, à un exercice de simulation d'une alerte tsunami mené sous l'égide de l'Unesco dans les régions du monde les plus exposées. En cas de tsunami important, les moyens de communication sont coupés : téléphone, internet,… D'où l'intérêt de former des acteurs du numérique à basculer sur l'utilisation des ondes radios et à travailler sans wi-fi, bluetooth ou 4G. Les participants ont ainsi appris à installer une antenne-relais, utiliser des fréquences radio pour diffuser une alerte, mettre en place une cartographie interactive des itinéraires et sites de refuge, etc. Les "Simplonien•e•s" ont donc appris comment continuer à transmettre l'information en entrant en contact avec des radios amateures à Maurice, en Australie, en Afrique de Sud, à Oman ou en métropole, hors des opérateurs traditionnels. Ou comment utiliser le numérique au service des populations.

3. Les changements visés

Les changements visés

À travers nos activités de plaidoyer “Territoires vulnérables” et les messages que nous portons, nous visons quatre changements :

Que chaque territoire “vulnérable” réalise une Gestion prévisionnelle de l’Emploi et des Compétences numériques territoriale.

Il faut sensibiliser et former les territoires à réaliser leur diagnostic numérique en continu à l’échelle du territoire et des compétences, non du secteur et des métiers, et faire jouer les compétences en tension au service de l’offre de formation locale quand elle existe, ou afin de favoriser l’implantation de nouvelles formations, et viser l’insertion professionnelle des publics les plus éloignés (demandeurs d’emploi et salariés fragilisés).

Qu'au sein des territoires vulnérables, chacun•e soit doté•e d'un socle de compétences numériques fondamentales et soit en mesure de l'entretenir en continu.

Il faut assurer la formation des acteurs publics locaux pour favoriser la réalisation d'un diagnostic individuel de maturité numérique pour les habitants et les organisations et ensuite les orienter vers les structures d'accompagnement ou de formation adéquates (Les Bons Clics, APTIC/Pass Numérique, formations Grande École du Numérique, etc.).

Que les zones rurales, l’Outre-mer et les QPV deviennent des hubs d’innovation technologique au service de l’innovation sociale

La mise en réseau des acteurs (cf. démarche Hub numérique portée par la Caisse des Dépôts) est déterminante pour réaliser un diagnostic partagé, mettre en place une stratégie et un plan d’action qui comprennent la montée en compétences des habitants et des organisations mais aussi l’implantation de dispositifs ayant fait leur preuve dans d’autres territoires. Des initiatives telles que Territoire French Impact, les PTCE, Startup de territoires ou encore Territoire Zéro Chômeurs doivent non seulement être encouragées mais renforcées dans leur volet numérique. La mutualisation des besoins et des ressources, au travers de groupements d’employeurs ou de centres de compétences partagées, doit être soutenue fortement pour répondre aux enjeux locaux.

Que les pouvoirs publics, la French Tech et le French Impact exportent les innovations sociales françaises dans les territoires fragiles à l’international

De la même façon que les entreprises françaises sont “poussées” à s’implanter à l’international par l’exécutif et les collectivités locales, il faut faire la promotion des innovations sociales françaises dans les territoires vulnérables des pays avec lesquels nous avons des relations politiques, économiques et sociales.

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