Pour un numérique d’intérêt général

Edito du président-cofondateur

#SkyAndThePlanetAreTheLimit

Simplon s’est principalement fait connaître par ses actions dans le domaine de la formation inclusive, innovante et gratuite aux métiers techniques du numérique, pour des personnes éloignées de l’emploi ou des populations sous-représentées dans le digital. Mais savez-vous que Simplon agit également pour la prévention du chômage et de l’obsolescence des compétences chez les salariés ? Savez-vous que Simplon travaille aussi pour l’insertion professionnelle des apprenants issus de ses formations en tant qu’employeur, et au service de la transformation numérique des ONG et des acteurs de l’ESS au travers d’un écosystème qui réalise des produits et des services numériques performants, compétitifs, solidaires et éco-responsables ? Et oui ! Et en attendant que son activité dédiée à l’entrepreneuriat des Simplonien•ne•s se développe et ouvre ainsi une nouvelle voie d’impact social, c’est avec la Fondation Simplon que les programmes de Simplon se déploient à la vitesse d’une startup, au service des publics fragiles, des territoires défavorisés et des organisations à impact, et que son plaidoyer s’incarne dans de multiples actions pour faire en sorte que la transformation numérique reste inclusive, solidaire et écologiquement soutenable.

Les pieds bien ancrés dans les territoires, un bras dans la tech for good et l’autre dans l’Économie sociale et solidaire, Simplon défend un numérique d’intérêt général, partagé par tous et partout, et prioritairement pour celles et ceux qui en ont le plus besoin, et là où il y en a le plus besoin. Pour cela, il faut être convaincu que le numérique ne sert pas à faire des selfies, des capitalisations boursières ou des innovations qui détruisent le vivant et notre planète. Il ne faut jamais être “technobéat” ou verser dans le “solutionnisme technologique”. Il faut prendre acte que le numérique est effectivement bel et bien un “pharmakon” - à la fois poison et remède - et il faut surtout agir et ne pas subir, pour limiter au maximum les impacts négatifs du numérique (environnement, psychologie, données personnelles, influence politique, exclusion et accès aux droits, startups “tech for evil”, etc) et pour en développer les impacts positifs.

En cela, la mission de Simplon n’a virtuellement aucune autre limite ! À part bien sûr celle d’agir en commun, avec ses partenaires et ses alliés, et le plus possible en “justice leagues” car c’est par les coalitions que l’impact est le plus grand (“seul on va plus vite, ensemble on va plus loin” et “l’union fait la force” disent les proverbes).

C’est à découvrir tout cela, et à plein d’autres choses encore, que je vous invite dans ce livret dédié au plaidoyer de Simplon et de la Fondation Simplon que j’ai l’honneur de présider, et dédié à toutes celles et tous ceux qui travaillent ou ont travaillé à nos côtés.

#InCodeWeTrustMoreThanEver

Frédéric Bardeau

Télécharger ce plaidoyer en pdf

Introduction : Simplon c'est quoi ?

Créé en France en 2013 et agréée dès 2014 Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale (ESUS) avec l’ambition de faire du numérique un levier d’inclusion, d’insertion, d’emploi, de mixité, de diversité et d’innovation sociales, Simplon est le premier réseau français de formations gratuites labellisées par l‘État Grande École du Numérique – également le plus inclusif, et le plus déployé à l’international. Simplon est engagé pour une transformation inclusive des territoires fragiles (urbains, ruraux et ultramarins) en France mais aussi à l'international avec une présence dans plus de 15 pays^[1] sur 4 continents.

Simplon promeut un modèle gratuit et innovant de formation aux métiers du numérique en tension au travers d’un réseau de Fabriques (écoles) qui permettent aux publics d’obtenir rapidement un emploi ou de créer leur propre emploi. Ces formations s’adressent de manière prioritaire à des talents qui sont éloignés de l’emploi et/ou sous-représentés dans le numérique (jeunes de moins de 25 ans ayant quitté le système scolaire, personnes peu ou pas diplômées, personnes issues de territoires ou de milieux fragiles, demandeurs d’emplois ou allocataires du RSA, seniors, personnes réfugiées ou primo-arrivantes, en situation de handicap, ou sous main de justice). Sans aucun pré-requis technique, les formations Simplon sont accessibles sur critères sociaux, aux personnes motivées et avec un objectif de parité hommes-femmes à 2020 (il est actuellement de 34%).

Les formations Simplon en chiffres (au 31 mars 2019), c'est :

En plus des formations gratuites pour les demandeurs d’emploi qui représentent son activité principale, Simplon a renforcé son impact social en synergie avec son activité historique par le biais de trois autres activités :

• Simplon Prod, agence de développement solidaire, déploie une activité de création de sites Web, d’applications mobiles et de prestations digitales à destination du secteur de l'Économie sociale et solidaire (ESS), mais aussi d’entreprises privées dites “classiques”. L’équipe de Simplon Prod est constituée principalement d’anciens élèves qui y acquièrent – encadrés par une équipe permanente – une première expérience professionnelle. Simplon Prod, “impact unit” désormais filiale de Simplon, opère au sein d’un hub de structures numériques solidaires (Ecedi, numerikEA, Témésis) sous la responsabilité de Mathieu Delemme.
• Simplon Corp, activité de formation de salariés d’entreprises dont l’emploi est menacé ou transformé par le numérique. Cette activité est aussi à destination de salariés en situation d’illectronisme (i•e• illettrisme numérique). Lancée en 2016, Simplon Corp a déjà un portefeuille de clients de premier plan avec des grands comptes, des ETI/PME et des acteurs de l’ESS. Cette “Impact Unit” est dirigée par Elise Fraisse, une des toutes premières salariées de Simplon.
• Start & Scale, programme d’innovation à destination des apprenant•e•s de Simplon ayant un projet entrepreneurial. Un accompagnement permet aux personnes souhaitant se lancer de découvrir les différentes solutions et de choisir en connaissance de cause (auto-entrepreneuriat, freelancing, CAE/collectifs, etc) et un appel à projets régulier sollicite des prototypes innovants et répondant aux problématiques des entreprises partenaires du programme. Ce programme est rattaché à Simplon Corp en attendant de devenir une “impact unit” spécifique et propre.

Plus globalement, et toujours dans l’optique de promouvoir un numérique toujours plus inclusif, solidaire et écologiquement soutenable, Simplon s’est doté d’un bras armé philanthropique avec la Fondation Simplon, créée en 2015 sous l’égide de la Fondation FACE. La Fondation permet à Simplon d’aller encore plus vite et plus loin dans la promotion d’un numérique inclusif, responsable et solidaire tourné vers les publics et les territoires les plus défavorisés, au service de l’innovation sociale et de l’intérêt général. C’est ainsi que des bourses d’urgence anti-décrochage pour les apprenants, des soutiens à des actions d’intérêt général numérique portées par des organisations ou des individus et des programmes d’intégration de publics spécifiques sont financés grâce à la Fondation Simplon et à ses nombreux soutiens privés, publics et philanthropiques.

Parce que Simplon ne croit pas à la virtualité du numérique, et encore moins que l’on peut monter en compétences à distance ou en e-learning quand on a des difficultés d’emploi ou d’employabilité, l’ensemble de ces activités s’incarnent dans des lieux physiques disposant d’équipes pédagogiques humaines constituées de femmes et d’hommes au coeur des territoires. En France, Simplon agit au travers d’impact units territoriales et à l’étranger par le biais de gouvernances (board Européen) ou de responsables de zone (Afrique de l’Ouest) ou de pays (Maroc, Tunisie, Inde).

Pour aller plus loin : rapport d'impact 5 ans et notre dernier tableau de bord

La vision

Le numérique n’est ni bon ni mauvais mais il n’est certainement pas “neutre”. Il est le pharmakon de Bernard Stiegler - à la fois remède et poison - et donc il est ce que nous en faisons et ce que nous en ferons. Vecteur de progrès et d’émancipation pour un grand nombre de personnes, y compris les plus vulnérables, le numérique permet l’augmentation du pouvoir d’agir des individus, l’apparition de formes collectives nouvelles et originales et amène une redistribution du pouvoir et de la valeur (Dominique Cardon). Mais le numérique bouscule, rompt les hiérarchies, exclut certains publics, impacte les organisations et les territoires, et son empreinte écologique est délétère^[2]. Pourtant, grâce au numérique (IT for Green, Tech For Good), les émissions mondiales de gaz à effet de serre pourraient être réduites de 20% d'ici à 2030^[3] et des solutions au service des objectifs du développement durable des Nations-Unies peuvent être trouvées.

Dans ce plaidoyer, Simplon revendique un numérique d’intérêt général qui concourt à un monde meilleur pour tou•te•s - y compris pour les générations futures - et partout : un monde où les outils, les logiciels et les compétences numériques sont accessibles à tou•te•s ; où toute entreprise fait preuve de mixité, de diversité et d’égalité ; où les territoires exclus du numérique deviennent des hubs d’innovation technologique ; où la Tech a un impact positif sur la planète ; où toute entreprise à impact positif a accès aux outils numériques.

La mission de Simplon et celle de la Fondation Simplon sont donc claires et convergentes : il s’agit de maximiser les impacts positifs du numérique et limiter au maximum ses impacts négatifs. Nous considérons que les impacts sont positifs dès lors qu’ils concourent à l’intérêt général.

C’est pour cela que nous agissons pour l’inclusion numérique des publics. Car en France, selon le rapport sur la Stratégie nationale pour un numérique inclusif^[4], depuis mai 2018, 14 millions de français (28%) sont en difficulté avec le numérique, 8% n’ont aucune compétence, 31% ne se sentent pas à l’aise avec l'utilisation d’un smartphone, 40% pour compléter des démarches administratives en ligne^[5]. Les publics les plus touchés en France par la fracture numérique comptent principalement les plus de 60 ans, les personnes peu diplômées, et les personnes vivant dans un foyer percevant moins de 1 500 euros mensuels^[6]. 40% des personnes en situation de précarité sont en difficulté numérique^[7] : cette inégalité accroît les inégalités économiques, sociales ou sanitaires. La fracture numérique est donc multidimensionnelle. C’est pour cela qu’il faut apprendre à coder, mais aussi à décoder le numérique. D’où la priorité donnée par Simplon et sa Fondation aux publics éloignés de l’emploi et sous-représentés dans le numérique ; d’où l’importance de la question de l’accessibilité numérique dans la formation des apprenants et dans les productions de Simplon Prod.

C’est également pour cela que Simplon agit en faveur de l’emploi et du développement économique des territoires, des acteurs de l’économie sociale et solidaire et des TPE-PME parce que précisément elles sont grandes pourvoyeuses d’emploi. En 2015, la question s’est posée : doit-on se limiter aux demandeurs d’emploi ou bien Simplon se doit-elle d’étendre ses méthodologies aux salariés en difficulté avec le numérique ? La réponse a été unanime : pas question d’attendre qu’une personne perde son emploi pour agir ! Maintenir l’employabilité des actifs, qu’ils soient salariés ou chômeurs, est indispensable et ce sont les deux faces d’un même problème : celui des compétences, de l’employabilité et donc oui Simplon forme au numérique les collaborateurs exclus ou en difficulté et assure la reconversion ou la montée en compétences de celles et ceux qui sont “impactés” dans leur métier par la transformation numérique. C’est de la prévention et du bon sens.

Depuis 2018, Simplon et sa Fondation se sont donnés de nouveaux défis : l’impact écologique du numérique, la question des “éco-TICs” (Green IT), la contribution positive du numérique à la transition écologique et énergétique (IT for Green), la Tech For Good, la promotion des “low-techs” et enfin la mise à disposition de la méthode Simplon aux opérateurs de la transition qui cherchent à former aux métiers verts et verdissants ! Car si Internet était un pays, il serait en 2030 le plus gros consommateur mondial d’électricité. À l’heure où le numérique représente 10%^[8] de la consommation mondiale d’électricité et autant d’émissions de gaz à effet de serre que l’aviation civile, alors qu’il génère une consommation de ressources - énergie, eau et métaux rares - sans précédent pour la fabrication de nos terminaux, il est plus que temps de réduire son empreinte écologique.