Axe 3 : concevoir un numérique responsable et soutenable

Axe 3 : concevoir un numérique responsable et soutenable

5. Mettre fin, partout dans le monde, à toutes les formes de discriminations à l'égard des femmes et des filles.

10. D’ici à 2030, autonomiser toutes les personnes et favoriser leur intégration sociale, économique et politique, indépendamment de leur âge, de leur sexe, de leur handicap, de leur appartenance ethnique, de leurs origines géographiques ou sociales, de leur religion ou de leur statut économique.

12. Etablir des modes de production et de consommation durables.

13. Incorporer des mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques dans les politiques, les stratégies et la planification nationales.

Objectif 5 Objectif 10 Objectif 12 Objectif 13

1. Contexte

Le numérique a des impacts à la fois positifs et négatifs sur l’environnement et les êtres humains. Donc dans ce contexte, recourir au numérique, c’est bien. Le faire de façon responsable, c’est mieux. Smartphones, ordinateurs, objets connectés, data centers, réseaux, intelligence artificielle, le numérique est incontournable dans nos vies quotidiennes. Il est une promesse d’efficacité énergétique ou d’accès à la connaissance. Pourtant, selon la manière dont sont conçus des produits ou logiciels, le numérique laisse parfois au bord du chemin des publics vulnérables ou spécifiques. De la même façon, en raison de la manière dont sont conçus les produits ou logiciels, l’exploitation des ressources non renouvelables et la consommation électrique liées aux activités numériques explosent. Une transformation numérique non maîtrisée entrave la transition écologique et la lutte contre le changement climatique. La transition écologique et énergétique d’une part, et la transformation numérique d’autre part sont indissociables. Chacune des deux transitions a besoin de l’autre, et la transformation numérique pourrait - en se fixant l’objectif d’accompagner la transformation écologique et énergétique - enfin trouver un véritable sens et limiter ses impacts négatifs. Maîtriser le numérique avant qu’il ne nous maîtrise ou qu’il accélère l’effondrement écologique, voilà donc l’enjeu. Simplon.co, en tant qu’entreprise, est responsable de la formation de milliers de femmes et d’hommes dans les métiers du numérique. Nous prenons notre part de développement d’un numérique responsable. Le numérique français et européen, dessine une troisième voie entre la Silicon Valley et le numérique chinois. L’inclusion, l’éthique, la Tech For Good peuvent être des marqueurs clés de la French Tech et de la tech européenne, et un levier puissant de compétitivité. C’est également le cas de l’exemplarité environnementale qui peut faire partie des atouts du numérique français et européen, au même titre que le respect de la vie privée, l’accessibilité, la sécurité, la qualité. À un numérique sûr (“security by design”), il faut ajouter la dimension accessibilité pour que tout le monde profite réellement du numérique. Cela passe par les compétences fondamentales mais aussi par la conception numérique centrée sur les utilisateurs les plus fragiles (handicap, senior, etc.) et par les dimensions “privacy by design” et maintenant “ecology by design”.

Pour qui agissons-nous ?

    Contexte
  • Pour les publics déjà fragilisés par le numérique et ses conditions de production ou de développement et pour les générations futures.
  • Pour les entreprises, publiques ou privées, qui ont une responsabilité majeure dans la diminution des impacts négatifs de leur utilisation du numérique. Si les géants du numérique ont les moyens de prendre conscience de leurs impacts négatifs et de les atténuer, il importe de sensibiliser les autres entreprises et individus qu’ils influencent. L’enjeu est particulièrement important en France pour les TPE/PME, dont le développement numérique est en cours : la France est 16ème nation européenne en matière de digitalisation de ses TPE/PME.
  • Pour les pouvoirs publics, locaux, nationaux ou européens, qui ont la responsabilité d’inciter les acteurs économiques et les citoyens à une consommation responsable du numérique.

  • Pour les femmes et hommes des métiers du numérique : en tant qu’organisme formateur, Simplon entend positionner les futurs métiers du numérique sur le chemin de l’excellence en matière d’accessibilité, de respect de la vie privée et d’éco-conception de services numériques. Il s’agit également, selon nous, du levier le plus efficace.

2. Nos messages

Nos Messages

À travers nos activités de plaidoyer “Numérique Responsable”, nous portons six messages principaux :

Le numérique et la transition écologique et énergétique : il est urgent de réduire l'empreinte environnementale du numérique

De nombreux rapports soulignent le potentiel du numérique pour accélérer la transition écologique. Certains affirment que le numérique pourrait réduire les émissions mondiales de CO2 de 20% d’ici 2030[1]. Le numérique permet de mieux évaluer l’état de notre planète, de nos forêts, de notre faune, la qualité des sols et de l’air que nous respirons. Il peut optimiser nos systèmes énergétiques, alimentaires, de transport ou de collecte des déchets, la distribution et la consommation d’énergie, etc. Mais les faits sont têtus. Les éco-TIC (ou le Green IT) et l’IT for Green ne compensent pas l’impact écologique et énergétique du numérique. Les décennies de numérisation de nos sociétés sont aussi celles de la plus forte augmentation de notre empreinte écologique. D’après plusieurs études, le numérique connecté représente déjà un septième continent d’impacts environnementaux. À l’heure où le numérique représenterait 10%[2] de la consommation mondiale d’électricité et autant d’émissions de gaz à effet de serre que l’aviation civile, il est urgent de réduire son empreinte environnementale. Toujours plus de gens connectés, toujours plus de terminaux par utilisateur, les usages énergivores se développent avec l’augmentation du trafic vidéo et de la définition, l’explosion de la consommation à la demande (vod, streaming, cloud gaming)... Le résultat est immédiat : explosion du trafic (+25% par an) et des volumes stockés dans les datacenters (+35% par an). Le numérique aura émis autant de CO2 en 2020 que les 1,3 milliards d’indiens en 2015 et sa contribution aux émissions mondiales de GES est de 8% par an.

L’empreinte écologique du numérique[3] est systémique. En cause, trois leviers[4] :

  • Les utilisateurs, individus et entreprises, via les terminaux - smartphones, ordinateurs, objets connectés.
  • Le réseau, notamment les objets d’équipement type box, coeur de réseau, routeurs… La consommation d’énergie non maîtrisée se trouve jusqu’à la conception des box : la plupart n’ont pas de bouton marche/arrêt ; elles représentent à elles seules 1% de la consommation électrique française. En une année, une box allumée 24 heures sur 24 consomme l’équivalent de 10 ordinateurs portables utilisés 8 heures par jour.
  • Les infrastructures, notamment les data centers. Dimensionnées pour absorber les afflux de données aux pics d’utilisation, soit quelques heures par jour à peine, elles demeurent sous-utilisées le reste du temps.

Quelques équivalences chiffrées :

  • Énergie grise : énergie grise
  • Usages : usages

La consommation énergétique des nouvelles technologies n’est qu’un aspect du défi environnemental qu’elles posent. Le nombre et la quantité de métaux et de terres rares utilisés dans les composants électroniques ne cessent d’augmenter à mesure que leur taille réduit. Nos smartphones contiennent une quarantaine de métaux et de terres rares - or, cuivre, nickel, zinc, étain… - contre une vingtaine il y a dix ans. La fabrication annuelle des smartphones au niveau mondial utilise 9 000 tonnes de cobalt soit 10% de la production totale de ce métal. De même, la fabrication mondiale de téléviseurs connectés nécessite 330 tonnes d’iridium soit 50% de la production mondiale de ce métal. Ces métaux sont extraits du sous-sol en utilisant des techniques particulièrement nocives pour l’environnement, avec l’utilisation d’acide sulfurique, de mercure, de cyanure… Leur extraction est souvent réalisée au péril de la santé des travailleurs, et dans certains pays par des enfants et grâce à l’argent de conflits armés, comme en témoigne l’industrie du coltan en République Démocratique du Congo. Or ces métaux, présents de façon miniature dans nos équipements informatiques, sont aujourd’hui encore mal collectés et mal recyclés. En Europe, par exemple, à peine 18% des métaux présents dans nos ordinateurs portables sont recyclés. On évalue que 70 à 90% des DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) font l’objet d’un trafic et ne suivent pas les filières de recyclage réglementées au niveau mondial. Une partie importante des équipements en fin de vie continue d’atterrir dans des décharges sauvages, en Chine, en Inde ou au Ghana, où ils sont brûlés pour récupérer l’or, polluent les nappes phréatiques, ou sont démantelés dans de dangereuses conditions par des travailleurs pauvres. Simplon, particulièrement sensible à cette question, met en lumière les photographies de l’artiste allemand Kai Löffelbein sur le devenir de nos déchets électroniques.

Kai Löffelbein

Prolonger la durée de vie des matériels et favoriser le réemploi sont les principes essentiels d’un numérique écoresponsable

C’est la fabrication de nos 22 milliards[5] de terminaux qui concentre l’essentiel de l’empreinte écologique et des gaz à effet de serre. À l’échelle de l’internet mondial, les terminaux concentrent 65% du bilan énergétique, 67% des émissions de gaz à effet de serre, 73% du potentiel d’épuisement des ressources naturelles non renouvelables, 82% de la consommation d’eau. Il faut donc en priorité fabriquer moins d’équipements et allonger leur durée de vie. Nous identifions plusieurs méthodes pour y parvenir : le réemploi, la réparation et l’éco-conception des équipements pour prévenir l’obsolescence programmée. Cette méthode fait l’objet d’une approche législative et bénéficie de l’émergence de l’économie circulaire. Il s’agit d’un levier direct et peu coûteux qui permet de diminuer de presque 40% d’impact annuel les émissions de GES liés aux terminaux.

Quelques chiffres :

  • Allonger la durée de vie d’un smartphone 5 pouces de 2 à 4 ans : 60 kg équivalent CO2.
  • Allonger la durée de vie d’un ordinateur portable 15 pouces de 3 à 6 ans : 250 kg équivalent CO2.

Simplon est ainsi partenaire d’ECODAIR et de l’entreprise adaptée ATF Gaïa[6] pour l’ensemble de ses achats de terminaux. Ces entreprises sociales reconditionnent les ordinateurs portables grâce à des employés en insertion ou en situation de handicap. Soutenir ces activités, c'est aussi donner accès au numérique à moindre coût et accélérer l'inclusion. Simplon a également favorisé le remboursement de l’usage professionnel des téléphones portables de ses salariés pour éviter le double équipement, et fait la promotion de matériels reconditionnés (Recommerce, Back<Market) pour l’équipement de ses équipes.

L'éco-conception des services numériques doit devenir une filière d'excellence

Parmi les leviers d’action pour limiter les impacts du numérique sur l’environnement, l’éco-conception des services numériques[7] (constitués d’un ensemble de matériels et de logiciels permettant de réaliser nos actes numériques quotidiens, notamment sites web et applications mobiles) est fondamentale. C’est aussi une promesse d’activité et d’emplois. C’est pourquoi Simplon, avec ses partenaires du Collectif Conception Numérique Responsable, a lancé jeudi 11 avril 2019 une campagne “Pour faire de l’éco-conception des services numériques une filière d’excellence[8].

Lorsque la mémoire était comptée, les informaticiens étaient plus enclins à concevoir des logiciels à l’architecture et au code synthétiques. Songeons que l'ordinateur qui a emmené l'homme sur la Lune disposait d'une mémoire d'environ 70 kilo-octets, soit environ le poids d'un e-mail aujourd'hui. Aujourd’hui, les contraintes informatiques étant moindres, le monde du numérique voit l’émergence d’un mot : obésiciel. Il y a inflation de logiciels, plus gourmands en puissance informatique. En vingt ans (1995-2015), le poids des pages web a été multiplié par 115, passant de 14 Ko à 1 600 Ko. Les applications de smartphones, conçues et développées en hâte, consomment d’autant plus d’énergie qu’elles sont grasses et actives jour et nuit. Les systèmes d’exploitation de nos ordinateurs ou smartphones imposent des mises à jour évolutives de plus en plus lourdes. Plus les services numériques sont lourds, plus le fonctionnement de nos équipements ralentit et exige une technologie dernier cri. En conséquence, leur durée de vie raccourcit.

L’éco-conception consiste à « intégrer l’environnement dès la conception d’un produit ou d’un service » (ISO 14062). Appliquer la démarche d’éco-conception aux services numériques, c’est identifier les leviers de réduction d’impacts à chaque étape du cycle de vie d’un service numérique : conception, réalisation, exécution. Les principaux leviers de l’éco-conception se situent en amont et en aval de la phase de développement : architecture, conception fonctionnelle, graphique, ergonomique et technique. Ce n’est pas une démarche centrée sur le code : la phase de développement ne représente qu’environ 10 à 20% des gains potentiels. Optimiser le code d’une fonctionnalité qui ne sera jamais utilisée revient à produire du gras numérique. Du gras « bio » s’il est éco-conçu, mais du gras quand même ! Les retours d'expérience des contributeurs du Collectif Conception Numérique Responsable, sur des cas concrets en France et en Europe, montrent des potentiels de réduction de l'empreinte technique de l'ordre de 2 à 700 fois, avec des réductions d’impact environnemental d’un facteur 2 à 70 (changement climatique, épuisement des ressources rares , etc.). Cet enjeu est également social : il accentue la fracture numérique des territoires. Des services numériques non éco-conçus sont trop lents ou inutilisables dans des territoires où la connexion et le pouvoir d’achat sont faibles. De plus, comment ignorer cet enjeu pour les régions du monde où le numérique est moins accessible et cherche à s’étendre ? Cet enjeu est enfin économique : la France possède les talents nécessaires pour devenir, comme nous avons su le faire en matière de jeux vidéos, un champion du numérique responsable. En réduisant le coût opérationnel de leurs services, nos entreprises gagneraient en pouvoir d’achat numérique et en compétitivité. En France, il est encore temps d’agir en amont, puisque la digitalisation des TPE/PME n’en est qu’à ses débuts. Concepteurs d’applications mobiles, de sites web, d’intelligences artificielles ou de tout autre service numérique, les pionniers seront demain, en France, ambassadeurs d’une conception plus responsable des services numériques. Au-delà, ils seront ces lanternes qui éclairent une troisième voie.

L’accessibilité est un prérequis des formations numériques et des produits et services numériques

Malgré le vote de la loi handicap de 2005[9], l’écrasante majorité des sites internets ne sont pas accessibles aux personnes en situation de handicap. Cela est dû au non respect de la loi - selon une enquête de BrailleNet de 2014, moins de 4% des sites sur 600 audités sont en conformité avec les normes du référentiel RGAA - mais aussi à une formation insuffisante aux enjeux de l’accessibilité. Mettons-nous à la place d’une personne malvoyante qui souhaite voter en ligne pour le budget participatif de sa ville (exemple réel) : pour vérifier qu’il n’est pas un robot, on lui demande d’identifier les images de voitures parmi d’autres images (CAPTCHA). Dans le meilleur des cas, une solution audio existe, mais les mots sont en anglais et aussi audibles que lors d’une tempête. Démuni, il se renseigne auprès des services municipaux : “Vous pouvez vous faire aider par vos collègues.” Plus le nombre de développeurs aptes à créer des sites conformes aux critères RGAA sera élevé, plus l’expérience numérique des personnes en situation de handicap s’améliorera. Un site accessible permet par exemple de :

  • Naviguer avec des synthèses vocales ou des plages braille (notamment utilisées par les internautes aveugles ou malvoyants).
  • Personnaliser l'affichage du site selon ses besoins (charte graphique, grossissement des caractères, modification des couleurs, etc.).
  • Naviguer sans utiliser la souris, avec le clavier uniquement ou via un écran tactile, etc.

Au-delà des personnes en situation de handicap, les enjeux concernent également la question de l’accessibilité des sites pour les seniors. C’est pourquoi il est indispensable de sensibiliser toutes les organisations ayant un site internet pour qu’elles :

  • S’assurent, grâce à un référentiel interne, de la bonne transmission des pratiques d’accessibilité afin de les capitaliser en cas de renouvellement des effectifs.
  • Considèrent, si les raisons éthiques ne suffisent pas à impulser le changement, les enjeux légaux (respect de la loi pour une République numérique, discrimination lors d’offres d’emploi, etc) et économiques (12 millions de Français seraient concernés[10]).

C’est dans cette optique que Simplon fut signataire, dès 2015, de la Charte gouvernementale pour une meilleure prise en compte de l’accessibilité dans les formations numériques.

L'open source est propice au numérique responsable

L’ensemble de ces initiatives (accessibilité, éco-conception, éthique, sécurité qualité, etc.) s’inscrit dans une logique de conception responsable. À cette fin, Simplon considère les technologies libres et open source comme le parfait levier d’action. Nous l’avons vu, la couche logicielle dicte les besoins en ressources matérielles d’un ordinateur. Or, d’un point de vue technique, les logiciels libres et open source sont bâtis et améliorés collectivement et en toute transparence pour optimiser la performance des services numériques, même sur des matériels modestes ou anciens, ce qui permet d’en allonger la durée d’utilisation… ou de redonner une seconde vie à un matériel d’occasion ou reconditionné. De même, le découplage entre logiciel et support technique (qui peut être fourni par des acteurs de la communauté) évite que des éditeurs propriétaires, en raccourcissant la durée de support technique, poussent à la consommation de nouvelles versions de logiciels, plus gourmands donc de matériels plus puissants. Au-delà de ces aspects techniques, les communautés Open source reposent sur une organisation et des valeurs - partage, sobriété, efficacité, standardisation - qui favorisent la propagation large et rapide de pratiques durables. À l’heure de l’urgence écologique, c’est un précieux atout.

Simplon a décidé de rendre accessible gratuitement en Creative Commons l’ensemble de sa méthode de formation et de montage d’école inclusive à tout porteur de projet partageant les valeurs de Simplon. Baptisée Simplon Open Commons, cette démarche soutenue par Google.org s’inscrit dans la perspective de “rendre à l’écosystème” ce que Simplon a construit avec l’aide de financements publics et philanthropiques et d’augmenter l’impact de Simplon d’une manière plus systémique en dépassant le modèle d’opérateur en propre et en franchise sociale de ses écoles.

En savoir plus :

http://opencommons.simplon.co/

Il faut stimuler une approche Tech For Good et “low tech” dans le numérique

La contribution positive de la technologie à l’humanité et à l’environnement connaît aujourd’hui une actualité forte mais elle est ancienne. Le souci de mettre en critique les techniques et les technologies (Jacques Ellul), de démocratiser des innovations frugales ou jugaad (Navi Radjou) ou de promouvoir des technologies “intermédiaires” (Ernst Schumacher), “libératrices” (Murray Bookchin), “démocratiques” (Lewis Mumford) ou encore “conviviales” (Ivan Illich) est sain et salutaire à l’heure de la crise climatique et écologique. On parle à cet égard de Tech for Good et de low tech, deux champs que Simplon investit et appelle à développer fortement. La Tech For Good est constituée par l’ensemble des projets et organisations qui utilisent le levier de la technologie au sens large (recherche, science, numérique) pour atteindre des objectifs écologiques et sociaux tels que les synthétisent les Nations Unies au travers des Objectifs du Développement Durable. Cette approche, qui s’incarne dans des filières spécifiques (handitech, civictech, clean/greentech, socialtech, edtech…), fait l’objet d’une attention particulière de la part des pouvoirs publics et de l’écosystème. Ainsi, même si les définitions et le périmètre peuvent varier considérablement, la Présidence de la République française a organisé deux “Tech For Good Summit”, France Digitale en a fait une de ses priorités, Vivatech a également lors de ces 2 dernières éditions mis en avant la Tech for Good, BFM Business a décerné en 2019 les premiers Tech For Good Awards… Les acteurs se sont fédérés - notamment à l’initiative de Simplon - au travers de France Eco-Sociale Tech (FEST) dont Frédéric Bardeau a assuré la présidence de mars 2018 à juin 2019.

Parallèlement et en réaction aux impacts négatifs du numérique et à l’insoutenabilité écologique et énergétique de la tech, émerge de plus en plus la question des “low tech”. Dans le sillage de Kris de Decker, le rédacteur en chef de Lowtech Magazine dont le slogan est “Doubts on progress and technology”, en résonance forte avec une partie du mouvement maker et sous l’impulsion de Philippe Bihouix et du Low-tech lab en France, il s’agit d’identifier les techniques les plus adaptées aux besoins réels du vivant et qui sont les plus sobres et les plus soutenables possibles pour la planète. Contrairement à la “high-tech” ou aux “technologies vertes”, les low tech invitent à dé-sophistiquer les techniques pour qu’elles soient moins consommatrices en énergies, en eau et en ressources sur l’ensemble de leur cycle de vie, plus faciles à maintenir et à réparer, à recycler, etc. Cette approche existe pour l’ensemble des techniques mais également pour le numérique. Le projet GreenTouch a ainsi prouvé qu’il était possible de faire fonctionner un Internet 1000 fois moins consommateur d’énergie en actionnant des leviers d’éco-conception et d’efficacité énergétique.

FEST[11] (France Eco-Sociale Tech), créée en mars 2018 à l’initiative de Simplon et d’autres acteurs Tech For Good et abritée par France Digitale, est désormais un interlocuteur référent pour les pouvoirs publics et privés sur les questions de Tech For Good. Après avoir réalisé une cartographie de l’écosystème Tech For Good recensant plus de 300 structures en France qui conjuguent avec succès un modèle économique viable et une mission à impact positif, FEST a produit des documents synthétiques particulièrement utiles aux acteurs Tech For Good sur les questions centrales qui les préoccupent : modèles juridiques, levée de fonds et financement, etc.

En savoir plus :

http://www.festech.org

3. Les changements visés

Les changements visés

À travers nos activités de plaidoyer “Numérique Responsable” et les messages que nous portons, nous visons quatre changements :

Que toute formation aux métiers du numérique prévoie des modules dédiés à la qualité, l'éco-conception, l'accessibilité, la vie privée et la sécurité.

L'enregistrement de cette obligation au répertoire national des certifications professionnelles pour les métiers de développeur web ou chef de projet digital.
La sensibilisation de tous les acteurs de la formation aux métiers du numérique, des organismes qui les financent et de ceux qui les certifient.

Qu'une obligation d'éco-conception des services numériques (sites web, applications mobiles, services en ligne…) soit inscrite dans la législation et la réglementation nationale et européenne.

L'élaboration d'un référentiel de conformité et un travail de plaidoyer mené par Simplon et ses partenaires auprès des parlementaires, ministères et institutions concerné•e•s• Ce référentiel serait à l’image du référentiel de conformité RGAA (Référentiel Général d’Accessibilité pour l’Administration).
L’inscription de l’éco-conception des services numériques dans les cadres législatifs français et européens en commençant par les sites web - à l’instar des obligations prévues par la loi pour une République numérique de 2016 (accessibilité, RGPD, interopérabilité, sécurité).

Que chaque site internet, lorsque cela est possible techniquement et à coût économique raisonnable, soit accessible à toute personne en situation de handicap.

Chaque entreprise non concernée par le périmètre législatif RGAA doit être sensibilisée, encouragée et formée à intégrer les questions d’accessibilité.

Que le Green IT, l’IT for Green, l’éco-conception de services numériques et le numérique low tech deviennent la norme.

Sensibiliser et encourager les entreprises à adopter ces démarches, donner l’exemple au niveau des pouvoirs publics et des collectivités locales, ajouter des clauses spécifiques dans les marchés publics et informer les utilisateurs et le grand public sont les plus sûrs moyens de développer un numérique responsable.

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